3 rendez-vous prévus
– Vendredi 20 janvier à 19h au centre culturel de l’Aqueduc à Dardilly (En partenariat avec la médiathèque de Limonest et la médiathèque Le 20, Champagne-au-Mont-d’Or)
– Samedi 21 janvier à 11h à la Bibliothèque universitaire Chevreul
– Samedi 21 janvier à 16h à L’Atelier Léonard de Vinci, médiathèque de Vaulx-en-Velin
Découvrez le Booktube sur Jean-Baptiste Maudet, avec Isabelle, bibliothécaire à Neuville-su-Saône, réalisé par Thomas Iglésis pour les BM de Lyon et la Métropole de Lyon.
Jean-Baptiste Maudet est géographe de formation, enseignant à l’Université de Pau, et cela ne nous surprend pas beaucoup lorsqu’on se penche sur les trois romans qu’il a publiés aux éditions Le Passage, puisque chacun d’entre eux est inscrit dans un territoire particulier qui constitue le décor – et le moteur – de la narration. Dans Matador Yankee, il s’agissait de la frontière américano-mexicaine, que l’auteur nous faisait découvrir à travers le destin d’un personnage hors normes, le cow-boy manqué – et faux toréro ! – John Harper, lancé à la recherche d’une jeune femme dans les bas-fonds de Tijuana. Dans Humains sur fond blanc, c’est en Sibérie que Jean-Baptiste Maudet nous faisait atterrir en compagnie d’une scientifique Moscovite chargée d’enquêter sur un taux de radioactivité important repéré chez les rennes du grand Nord. Mais cette dimension géographique n’est pas suffisante pour caractériser l’œuvre romanesque de Jean-Baptiste Maudet, qui est aussi un formidable conteur, dont le style et le sens de l’intrigue nous emmènent toujours là où nous n’avions pas prévu d’aller. Et c’est encore le cas dans Tropicale tristesse avec le voyage de sa nouvelle héroïne, Jeanne Beaulieu, dans la forêt amazonienne.
C’est après avoir vu un documentaire sur l’Amazonie et croisé le regard d’un indien face caméra que Jeanne Beaulieu décide de tout quitter – son travail, sa famille encombrante, sa solitude et ses pizzas surgelées – pour tenter de retrouver cet homme qui la fascine. Tout au long d’un périple sur le fleuve Amazone, c’est avant tout elle-même qu’elle va redécouvrir, en interrogeant le sens du voyage en même temps que le sens de la vie. Car ce roman d’aventure aux allures de conte initiatique se fera pour Jeanne en miroir d’un livre qu’elle trouve chez un bouquiniste de Sao Paulo, le classique de l’anthropologie de Claude Levi-Strauss, Tristes tropiques. Un livre dans lequel elle va aussi découvrir les notes prises par un couple d’étudiants, qui des années plus tôt avaient fait le même voyage, comme une mise en abyme de sa propre quête… A travers ce jeu de poupées russes littéraires, Jean-Baptiste Maudet nous mène encore dans un roman à multiples facettes, qui est à la fois un beau portrait de femme, une réflexion sur les pouvoirs de la littérature et une méditation très actuelle sur le mythe amazonien, le lien à l’ailleurs, la soif d’altérité et la complexité de la prise de conscience écologique.
Le nouveau roman de Jean-Baptiste Maudet pourrait se situer quelque part entre Tristes tropiques, de Claude Lévi-Strauss, Le vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepulveda et Le Magnifique de Philippe de Broca. Le titre de ce roman, Tropicale tristesse, est bien sûr un clin d’œil en miroir au livre de Lévi-Strauss, qui en constitue également un élément charnière, puisque le voyage de Jeanne se fait en lien avec la lecture de Tristes tropiques. L’Amazonie est par ailleurs depuis toujours un sujet romanesque, presque un mythe, que l’écrivain chilien Luis Sepulveda avait notamment exploré dans Le vieux qui lisait des romans d’amour, un roman qui interrogeait aussi les pouvoirs de la fiction et de la littérature en opposition au monde réel, le voyage intérieur face au déplacement effectif, la cartographie intime et l’ancrage dans la géographie. La dernière référence, évoquée dans le roman de Jean-Baptiste Maudet, est cinématographique, puisqu’il y est souvent question du film de Philippe de Broca avec Jean-Paul Belmondo, Le Magnifique. Outre le rapport à l’ailleurs et au folklore de l’exotisme, il était là aussi question d’un double littéraire, l’espion Bob Saint-Clar, qui faisait écho à la vie étriquée de son créateur, un écrivain de polar qui vivait son destin par procuration grâce à l’invention romanesque. On parierait volontiers que J.B Maudet est aussi, parfois, un voyageur immobile…
Retrouvez le portrait de Jean-Baptiste Maudet par Yann Nicol ici
Et pour aller plus loin sur le Prix Summer, rendez-vous ici.