Parcours
« Je me suis toujours intéressé à l’illustration et Tomi Ungerer, Arnold Lobel ou encore Maurice Sendak sont mes modèles d’artistes. Je viens de l’univers de la publicité dans lequel j’ai travaillé quelques années après avoir suivi des études d’arts appliqués. De cette expérience, j’ai gardé cet aspect graphique rappelant le papier découpé. J’aime les images fortes et je travaille mes illustrations un peu comme des affiches. En ce sens, je suis satisfait de la couverture de cet album, Le Ver vert. »
Une idée dans le filet…
« J’écoutais une linguiste expliquer à la radio que le son “ver” était celui qui avait le plus d’homophones en français. Ça m’a amusé ! J’ai commencé à en lister quelques-uns puis à percevoir la possibilité d’une histoire… C’est toujours difficile de raconter l’origine d’une idée : c’est quelque chose que l’on attrape et qui reste dans le filet ! Très vite, est né le personnage du ver vert. Ce titre qui bégaye autour du son « ver » lance l’histoire. J’ai attrapé un dictionnaire pour les enfants pour constituer ma liste. Bien sûr, j’ai rayé certains mots, comme “pervers”, mais je tenais beaucoup en revanche à utiliser “vétiver” ou “vermouth”, inconnus des plus jeunes, mais qui apportent du relief à l’ensemble. Je suis proche de l’Oulipo même si je n’en fais pas partie. J’aime ce rapport ludique avec la langue, la contrainte me plaît. Je vois ces jeux comme une boîte à outils que je laisse ensuite aux lecteurs pour qu’à leur tour peut-être ils s’en emparent. C’était ma démarche déjà avec Ma petite fabrique à histoire (éd. Casterman, 1993) [1]. »
Rythme et effet de surprise
« À ce stade, dans ma façon de travailler, je vois les images naître. Par exemple, j’ai très vite visualisé mon ver s’en aller vers Versailles… Je réfléchis au rythme, à l’agencement des séquences. En discutant avec Béatrice Vincent [2], mon éditrice, nous avons décidé de consacrer chaque double-page à une action. Cela permet de jouer sur l’effet de surprise car sans tourner la page, impossible de savoir ce qu’il se passe ensuite… »
Jeux de formes, de signes, de logo
« Dans mon illustration, je travaille la forme, je joue avec, je schématise. J’ai créé mon ver comme un signe, un logo. Rondelet d’un côté et dévoilant ses anneaux de l’autre, il a aussi l’air idiot avec ses gros yeux vairons. Très attaché à l’objet, au choix des formats, à la main du papier, je me définis davantage comme un faiseur de livre qu’un illustrateur. Un graphiste comme Milton Glaser m’inspire beaucoup, par exemple. Il a un talent incroyable et a fait preuve d’un éclectisme fou. Il est, entre autres, l’inventeur du logo mondialement connu “I love NY” avec le cœur. »
Si l’on pousse la porte de l’atelier…
« Je travaille chez moi. Mon atelier se résume à mon ordinateur. Je fais quelques croquis au début mais c’est un simple chemin de fer me permettant de m’y retrouver. Il n’y pas de papiers partout, c’est assez bien rangé même si des livres et de la paperasse traînent souvent. Je crains l’envahissement ! »
[1] Un pêle-mêle aux bandes colorées pour jouer avec les mots, les phrases et les situations.
[2] Une des fondatrices des éditions de La PARTIE, crées en 2021.
En images




Un entretien réalisé par Raphaële Botte.
L’auteur / Bruno Gibert
Bruno Gibert est auteur et illustrateur, diplômé de l’Ecole supérieure des arts appliqués Duperré. En plus de se consacrer à l’illustration de livres pour enfants, il écrit également des romans pour adultes et pour la jeunesse dans diverses maisons d’éditions. Le Petit Gibert Illustré lui a valu le coup de cœur du jury au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil en 2010.
Bibliographie sélective /
– Le ver vert (La partie, 2021)
– En avant la musique ! écrit par Ingrid Seithumer (Actes Sud Junior, 2021)
–Pas perdus !, éd. L’école des loisirs, coll. Neuf (2019)
– Chaque seconde dans le monde (Actes Sud Junior, 2018)
– Le petit Gibert Illustré (Albin Michel Jeunesse, 2010)
Retrouvez tous les livres de l’auteur sur Chez mon libraire.